Un Capitalisme sentimental - Olivier Asselin
L’année 2008 a vu naître plusieurs des films québécois les plus importants pour moi, notamment de par leur audace et leur intelligence. Parmi ces pépites marginales qui incluent À l’ouest de Pluton (Bernadet, Verreault) ou Truffe (Nguyen), je resterai à jamais marqué par l’unique Un Capitalisme sentimental d’Olivier Asselin. Bricolé avec une ambition et une inventivité débordante, ce film complètement libre est la preuve qu’avec des moyens modestes et beaucoup de créativité, on peut arriver à faire de très grandes choses. À la fois comique, tragique, poétique et philosophique (en plus de demeurer accessible; il fallait le faire!), cette œuvre trop méconnue est une lettre d’amour au 7e art qui nous rappelle que tout est encore possible.

Les Manèges humains - Martin Laroche
Utilisant la forme du faux documentaire - voire du journal filmé - pour s’immiscer dans l’intimité de sa principale protagoniste, Martin Laroche s’aventure ici avec beaucoup de sensibilité sur un sujet important, féministe, et très rarement abordé au cinéma. La sobriété évidente de cette production demeure au service de l’essentiel, donnant lieu à des scènes troublantes et des performances d’une grande vérité. En plus d’être un incroyable film, Les Manèges humains m’ont fait vivre des émotions que je n’avais jamais ressenties auparavant au cinéma: juste pour ça, je suis plein d’admiration.

Gina - Denys Arcand
À l’époque où le jeune Denys Arcand de 34 ans était clairement un «woke» de sa génération, il nous a fait cadeau de l’excellent Gina, qui demeure pour moi le plus grand chef-d'œuvre de son cinéaste. Comme quoi la modernité n’a rien à voir avec une année de sortie, ce film à caractère social traitant d’exploitation (sous ses multiples formes) contient des scènes parmi les plus épiques du cinéma québécois. Honnêtement, je pense que je ne me remettrai jamais de la scène de billard, du strip-tease, ou de poursuite en ski-doo…

Emporte-moi - Léa Pool
Déjà dans son premier rôle au cinéma, le charisme naturel, l’aisance et le talent brut de Karine Vanasse lui promettaient l’impressionnante carrière qu’on lui connaît aujourd’hui. Ne serait-ce que pour le privilège d’assister à l’éclosion d’une future grande actrice, ce coming-of-age très personnel de la réalisatrice Léa Pool est un incontournable. Abordant des thèmes dits «LGBTQ+», ce film au regard très contemporain sorti en 1999 évite toutefois d'étiqueter ses personnages, se concentrant sur l’essentiel: ce qu’ils ressentent, ce qu’ils vivent.

Nuit #1 - Anne Émond
Nuit #1 est tout ce que j’aime et ce que je cherche dans un premier long-métrage. Véritable cri du coeur de la cinéaste Anne Émond, ce film sans compromis et sans pudeur n’hésite pas à sortir des chemins habituels pour se raconter. Empruntant à certains codes plus théâtraux, la mise en scène de l’intimité - celle des corps, comme celle des âmes - est guidée par un regard cinématographique et des performances d’une sensibilité et d’une générosité extrême.

J’ai tué ma mère - Xavier Dolan
Pour un cinéaste queer de mon âge au Québec, il y a définitivement un avant et un après J’ai tué ma mère. Débordante d’ambition et d’idées, cette œuvre irrévérencieuse et profondément sincère m’a bouleversé lorsque je l’ai vue pour la première fois, au cinéma de Saint-Eustache en 2009. Autant pour le film en soi que pour son contexte de création : L’audace et le courage, à tous les niveaux, y sont flagrants. Il ne s’agit probablement pas de l'œuvre la plus «parfaite» de Dolan, mais le choc était tel, que ça reste sans équivoque ma préférée.